Andrew Ferrone, climatologue et météorologue
Le climatologue et météorologue Andrew Ferrone représente notre pays au GIEC, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Sa mission lui tient à cœur et il l’accomplit avec beaucoup d’engagement. Andrew Ferrone apprécie particulièrement la manière de travailler du GIEC basée uniquement sur la science. Selon le rapport actuel, le réchauffement climatique est essentiellement provoqué par les activités humaines ; les températures mondiales continueront d’augmenter malgré nos efforts. Cette tendance se ressent aussi dans notre pays et peut être observée par de plus longues périodes de sécheresse, d’inondations et de vagues de chaleur.
Les inondations de l’été 2021 au Luxembourg, du jamais vu ?
Oui, les précipitations record du 14 au 15 juillet ! Plus de 105 l/m2 ont été mesurées à Godbrange. De tels événements deviendront sans doute de plus en plus probables en raison du changement climatique. Les températures aussi affichent aujourd’hui 1,6°C de plus que ces 30 dernières années.
Quels autres événements météorologiques vous ont marqué au Luxembourg ?
Premier phénomène qui m’a marqué en tant que météorologue : la tornade de 2019, qui avait fait beaucoup de dégâts dans le sud du pays ! Mais on ne peut pas constater ni prévoir une augmentation des tornades dues au changement climatique pour le Luxembourg.
Deuxième phénomène : les vagues de chaleur, plus précisément celles de 2003, 2018 ou 2019, où une température de 40,8°C a été relevée à Steinsel ! Il s’agit de la température la plus élevée, mesurée au Luxembourg depuis 1838, moment où les mesures ont commencé. Sans le changement climatique, celles-ci n’auraient pas eu lieu. Il y avait bien sûr déjà des vagues de chaleur ou des sécheresses avant le changement climatique, mais jamais d’une telle envergure. Il s’agit d’accumulations frappantes. Les 10 années les plus chaudes jamais mesurées au Luxembourg se situent durant ces 20 dernières années. Par contre, les sécheresses sont liées aux changements climatiques. Il y a eu des sécheresses significatives ces 3 dernières années. Mais comment expliquer ce phénomène, alors qu’au niveau des précipitations, il n’y a pas eu de grand changement ? Et bien, les sols absorbent moins d’eau de pluie qu’avant, car elle s’évapore davantage à cause des températures élevées. Les sols s’assèchent donc plus rapidement qu’avant lorsqu’il ne pleut pas, ce qui engendre des sécheresses beaucoup plus fréquentes.
Est-il encore possible d’atteindre l’objectif de 1,5°C ?
Selon le rapport actuel du GIEC, il est encore possible d’atteindre l’objectif de 1,5°C d’ici la fin du siècle. Cependant, la science ne permet pas d’évaluer le volet politique. Mais, si l’on accroît davantage les engagements actuels et qu’on les concrétise par des mesures ambitieuses, l’objectif peut encore être atteint. Il faudrait alors réduire les émissions globales de CO2 de moitié au moins d’ici 2030 par rapport à 2005. Et ainsi, atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Il est important de préciser que chaque mesure compte. Même les plus petites !