Pour une protection du climat efficace, des stratégies s’avèrent nécessaires. Il en faut pour tous les secteurs : industrie, agriculture, transports, administrations publiques et ménages privés. Tout est lié et se recoupe, tant sur le terrain qu’au sein des stratégies.
Ces dernières années, le Luxembourg a élaboré un certain nombre de stratégies et de plans favorisant un cadre de vie respectueux du climat au Grand-Duché. Le Plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC), la loi relative au climat, la stratégie pour l’adaptation aux effets du changement climatique, la stratégie nationale à long terme en matière d’action climat et de nombreuses autres mesures déterminent la ligne à suivre pour atteindre la neutralité climatique d’ici 2050. Ces plans, lois et stratégies touchent à tous les domaines de la vie et du travail, comme le logement, la mobilité, l’énergie, l’agriculture, etc.
Responsables politiques, spécialistes du domaine et citoyens y ont contribué, et ensemble, nous poursuivons les efforts pour garantir la neutralité carbone et la résilience du Luxembourg d’ici 2050. Certaines visions ont déjà été concrétisées, d’autres sont en pleine planification. Les illustrations présentent certaines mesures prévues dans les plans, stratégies et lois en vigueur.
L’Union européenne s’est engagée à respecter les objectifs climatiques définis lors du sommet mondial sur le climat et s’est elle-même fixé des objectifs tels que la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’augmentation des parts d’énergies renouvelables et donc l’augmentation de l’efficacité énergétique et par conséquent la baisse des besoins énergétiques. Tous les États membres doivent contribuer à ces efforts et chacun a l’obligation de concevoir un plan national en matière d’énergie et de climat qui décrit les objectifs à atteindre et les mesures à prendre. Ceci permet non seulement d’avancer ensemble, mais également de comparer les pays.
Le Luxembourg dispose depuis 2020 de son propre Plan national intégré en matière d’énergie et de climat, le PNEC.
Le Plan national intégré en matière d’énergie et de climat du Luxembourg (PNEC) est un élément clé de la politique climatique et énergétique du Grand-Duché de Luxembourg. Il présente les objectifs climatiques et énergétiques nationaux à l’horizon 2030, ainsi que les politiques et mesures permettant de les atteindre.
Le « Energie- a Klimaplang fir Lëtzebuerg » est également un document stratégique permettant au Luxembourg de s’engager activement dans l’action climat et la transition énergétique, ainsi que dans le développement d’une économie durable. Il s’agit d’une réponse directe tant à la crise climatique qu’à la crise énergétique.
Le PNEC est le fruit d’une démarche intrinsèquement collaborative entre les ministères et administrations concernées, sous la coordination du ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité et du ministère de l’Économie.
Les ambitions et mesures renforcées présentées dans le PNEC se fondent également sur les résultats de différents processus de consultation citoyenne et de coopération institutionnelle réalisés ces dernières années.
Des citoyens et citoyennes, ainsi que des scientifiques se sont prononcés en faveur de mesures et d’objectifs encore plus ambitieux pour le Luxembourg à travers :
- la consultation internationale Luxembourg in Transition (LIT) réalisée en 2021 et portant sur l’aménagement du territoire,
- le Klima-Biergerrot organisé en 2022 (KBR, Bureau du citoyen pour le climat),
- l’Observatoire de la politique climatique (OPC),
- la Plateforme pour l’action climat et la transition énergétique.
Par ailleurs, une enquête publique, ouverte du 17 avril au 16 mai 2023, faisait partie intégrante de la procédure et invitait les citoyens et citoyennes à soumettre leurs commentaires et propositions par rapport au projet.
Les objectifs clés sont les suivants :
- Réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) attribuées au Luxembourg au titre du règlement (UE) 2018/842 de 55 % d’ici à 2030 par rapport à 2005
- Objectif à long terme de la neutralité climatique qui consiste à atteindre le « zéro émissions nettes » au Luxembourg d’ici 2050 au plus tard
- Accroissement de l’absorption nette dans le secteur LULUCF de -27 kt CO2eq en 2030 par rapport à la moyenne des absorptions nettes pour les années 2016, 2017 et 2018 (estimation de l’absorption nette totale en 2030 : -403 kt CO2eq)
- Augmentation de la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie par rapport au PNEC 2020 de 25 % en 2030 à 37 % pour 2030
- Objectif d’amélioration de l’efficacité énergétique de 42 % à l’horizon 2030 par rapport à la référence EU PRIMES (REF2007) européenne pour l’année 2030
Les mesures s’appliquent à six secteurs, à savoir :
- Bâtiments résidentiels et tertiaires
- Transports
- Industries de l’énergie et manufacturières, construction
- Agriculture et sylviculture
- Traitement des déchets et des eaux usées
- UTCATF (Utilisation des terres, du changement d’affectation des terres et de la foresterie) (LULUCF – Land use, land-use change and forestry)
Le régime d’aides Klimabonus renforce les aides financières pour la construction et la rénovation énergétique durable de logements, la mise en place d’installations techniques valorisant les sources d’énergies renouvelables dans les logements, pour des véhicules à zéro émission de CO2, le conseil en énergie et la gestion durable des forêts privées.
Les changements comprennent :
- Une procédure simplifiée pour accéder aux aides, notamment une simplification et digitalisation des formulaires de demande.
- La promotion renforcée des matériaux d’isolation écologiques.
- L’encouragement plus poussé pour remplacer les anciennes chaudières alimentées en énergies fossiles.
- L’admissibilité des pompes à chaleur air-eau et air-eau hybrides dans les bâtiments existants,
- La promotion de l’autoconsommation pour les installations photovoltaïques avec une subvention plus élevée et l’inclusion d’une batterie dans les coûts éligibles
- L’opportunité de mécanismes de préfinancement.
À la suite de son adoption par le Conseil de gouvernement en juillet 2024, la mise à jour du « Energie- a Klimaplang fir Lëtzebuerg » a été transmis le jour-même à la Commission européenne. Les États membres de l’UE sont tenus d’actualiser leurs plans nationaux en matière d’énergie et de climat pour l’année 2024. Le gouvernement luxembourgeois a revu ses ambitions à la hausse en termes d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique. Le plan comprend au total 206 mesures différentes, une attention particulière durant les travaux de révision a été portée à la « transition juste ».
Ces mesures correspondent à différents types d’instruments, se trouvent à différents états d’avancement, sont accompagnées de différentes échéances pour leur mise en œuvre et identifient différents acteurs responsables. Et certaines mesures se révèlent être les plus importantes et/ou novatrices par rapport à la version précédente du plan :
- La taxe CO2
- Le développement continu du Klimapakt 2.0
- Le phase-out (la sortie progressive) du chauffage fossile
- L’entité nationale d’accompagnement de la rénovation énergétique pour tous les bâtiments résidentiels à faible performance énergétique
- Le Klimabonus
- La promotion de l’électrification du parc automobile
- Le leasing social
- Le Klimapakt fir Betriber (KPB)
- La stratégie nationale en matière d’hydrogène
- Déploiement accéléré du conseil agricole et la promotion de « l’agrivoltaïque »
- Renforcement des objectifs en matière d’absorptions nettes de gaz à effet de serre et l’introduction d’un régime d’aides Klimabonus Bësch
- Projections actualisées des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030
La mise à jour se trouve sous le lien suivant: https://environnement.public.lu/dam-assets/documents/klima_an_energie/pnec/pnec-24-vf.pdf
Notre loi relative au climat reprend les directives européennes concernant le Plan national intégré en matière d‘énergie et de climat (PNEC) tout en fournissant quelques précisions supplémentaires. Le PNEC doit être établi tous les dix ans pour une période de dix ans. À ce titre, le plan pour la période 2021-2030 a été adopté en 2020. Le projet du PNEC 2031-2040 doit quant à lui être préparé en 2027. La plateforme pour l’action climat est impliquée dans ce processus et les citoyennes et citoyens peuvent exprimer leur avis dans le cadre d’une consultation publique. Le PNEC peut être actualisé à tout moment pour refléter la situation actuelle et les exigences de l’UE. L’actualisation du PNEC 2021-2030 sera clôturé d’ici 2024.
Par ailleurs, une stratégie climatique à long terme couvrant une période de 30 ans doit être élaborée tous les dix ans. Une première stratégie de ce type a été adoptée en 2021. Une nouvelle version doit être présentée au plus tard en 2029. Le cas échéant, la stratégie est mise à jour tous les cinq ans.
Afin de nous préparer aux impacts inévitables du changement climatique, la loi sur le climat stipule qu’une stratégie nationale d’adaptation aux effets du changement climatique doit être adoptée. Cette stratégie a pour objectif de réduire les impacts du changement climatique afin de diminuer la vulnérabilité du Luxembourg et d’améliorer sa résilience. Comme les effets du changement climatique concernent tout le monde, des mesures sont prévues dans tous les domaines. Ainsi, une première stratégie nationale d’adaptation a été adoptée par le gouvernement en 2018 après avoir été élaborée dans le cadre d’un processus participatif. Une nouvelle stratégie sera prochainement élaborée et tous les citoyens seront sollicités pour participer activement et donner leur avis. La stratégie, qui vise à lutter contre les effets du changement climatique à un horizon de 50 ans, doit être adoptée tous les 10 ans et, si nécessaire, mise à jour tous les 5 ans.
Consultez la Stratégie et le plan d’action pour l’adaptation aux effets du changement climatique au Luxembourg 2018-2023 ici.
La loi relative au climat établit les modalités de création, de finalité et de financement du Fonds pour le climat et l’énergie. Ce fonds vise à soutenir des mesures de soutien pour la protection du climat, la transition énergétique et l’adaptation au changement climatique, aussi bien au Luxembourg que dans les pays du Sud global.
La loi sur le climat transpose également la directive européenne sur le système d’échange de quotas d’émission en droit national.
Le système européen d’échange de quotas d’émission (SEQE / EU-ETS) permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’industrie à forte consommation d’énergie, du secteur de l’énergie et du trafic aérien intra-européen. L’EU-ETS fonctionne selon le principe dit de « Cap & Trade ». Un plafond (cap) fixe la quantité totale d’émissions de gaz à effet de serre pouvant être émises par les installations soumises à l’échange de quotas d’émission. Les États membres délivrent une quantité correspondante de quotas d’émission aux installations, parfois gratuitement, parfois par le biais de ventes aux enchères. Un quota permet d’émettre une tonne d’équivalent dioxyde de carbone (CO2-eq). Les quotas d’émission peuvent être librement négociés sur le marché (trade). Il en résulte un prix pour les émissions de gaz à effet de serre. Ce prix incite les entreprises participantes à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Les objectifs climatiques sectoriels dans les domaines des industries de l’énergie et manufacturières, de la construction, des transports, des bâtiments résidentiels et tertiaires, de l’agriculture et de la sylviculture, du traitement des déchets et des eaux usées permettent de s’assurer que les grands potentiels sont utilisés avec efficacité. Des pistes pour des mesures concrètes dans tous les domaines sont consignées dans le plan national intégré en matière d’énergie et de climat. Ces « objectifs climatiques sectoriels » permettent de préciser une partie du PNEC grâce à des directives concrètes mesurables dans le temps.
Outre les deux objectifs nationaux (1. La neutralité climatique d’ici 2050, 2. La réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005), la loi sur le climat du Luxembourg contient aussi des dispositions pour cinq secteurs en particulier qui définissent des objectifs concrets et compréhensibles relatifs à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’article 5 de la loi sur le climat définit les secteurs pour lesquels il faut déterminer des objectifs visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre :
- industries de l’énergie et manufacturières, construction
- transports
- bâtiments résidentiels et tertiaires
- agriculture et sylviculture
- traitement des déchets et des eaux usées
Les objectifs pour ces cinq secteurs ont été fixés par écrit dans le règlement grand-ducal du 22 juin 2022.
Attribution des quantités d’émissions
Chacun des cinq secteurs s’est vu attribuer une quantité d’émissions de gaz à effet de serre annuelle à ne pas dépasser. Les calculs se basent sur les quantités d’émission de 2005 et suivent trois principes :
- Les quantités d’émissions baissent uniformément et de façon continue.
- Lorsque les quantités d’émissions sont définies, le potentiel de réduction de chaque secteur est pris en compte.
- Lorsque les quantités d’émissions sont définies, les conséquences aux niveaux social, économique et budgétaire sont pris en compte
Le potentiel de réduction tout comme les conséquences sur la situation sociale, l’activité, l’économie nationale ainsi que l’environnement et la santé ont déjà été analysés dans le cadre du PNEC.
Pour ce secteur, les quantités d’émissions attribuées en 2021 étaient de 31 % inférieures à celles de 2005, ce qui signifie qu’un maximum de 5.279 t éq. CO2 pouvaient être émis. En 2022, la valeur était de 5.018 t éq. CO2 et d’ici 2030, le secteur des transports devra avoir réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 57 % par rapport à 2005.
Les quotas d’émission peuvent être reportés dans le temps ou être transférés à un autre secteur.
Concrètement, cela signifie que si un secteur a fait des progrès particulièrement grands en une année et qu’il n’a pas atteint son quota d’émission, alors la différence de quantité est reportée à l’année suivante. Par ailleurs, si la quantité autorisée maximale a été atteinte ou dépassée, alors la différence entre les émissions comptabilisées et les émissions allouées est aussi reportée à l’année suivante et dans ce cas, ce secteur devra réduire davantage sa quantité d’émissions.
Entre les secteurs également, il est possible d’échanger la différence entre la quantité d’émissions comptabilisée et la quantité d’émissions allouée, à condition que les objectifs nationaux de réduction des émissions pour l’année en question soient totalement atteints.
Dans ce cas, un secteur qui a réduit sa quantité d’émissions plus que prévu peut transférer le surplus à un secteur qui a atteint ou dépassé son quota d’émission.
Le bilan définitif pour l’année 2021 montre que les émissions totales se sont situées 1,3% en-dessous de l’allocation d’émission totale pour cette année, de sorte que l’objectif pour 2021 a été atteint. Toutefois, au niveau sectoriel on observe que si les émissions des secteurs « transports » et « agriculture et sylviculture » sont restées sous leur niveau d’allocation annuel, il n’en a pas été de même pour les secteurs « industries de l’énergie et manufacturières, construction », « bâtiments résidentiels et tertiaires » et « traitement des déchets et des eaux usées » pour lesquels elles ont excédé les allocations annuelles respectives.
Le bilan provisoire pour l’année 2022 indique une forte baisse (12,3%) des émissions par rapport à 2021. Les émissions se situent 9% en-dessous de l’allocation d’émission totale pour cette année, de sorte que l’objectif pour 2022 est atteint. Tout comme en 2021, les secteurs « transports » et « agriculture et sylviculture » sont restés sous leur niveau d’allocation annuel, tandis que les trois autres continuent de dépasser les valeurs maximales définies dans le règlement grand-ducal, bien que les émissions aient fortement reculé par rapport à l’année précédente.
220 millions d’euros de budget pour l’aide internationale !
Des aides financières considérables sont nécessaires pour soutenir également les pays les plus pauvres dans la lutte contre le changement climatique. Le Luxembourg y contribue depuis un certain nombre d’années. Préalablement au sommet mondial sur le climat à Paris (COP21), le gouvernement a approuvé des financements climatiques s’élevant à 120 millions d’euros – en plus de l’aide publique au développement (APD).
De 2021 à 2025, le budget consacré aux aides internationales s’élève à 220 millions d’euros. Ainsi, le Luxembourg est le pays apportant la plus grande contribution par tête au monde.
Ces fonds permettent de financer et de soutenir des projets et initiatives internationaux tels que le « Green Climate Fund », ou encore des organisations non gouvernementales luxembourgeoises. Il va de soi qu’il faut se concentrer et aider principalement les pays les moins développés afin de rendre possible les adaptations au climat et de soutenir les mesures visant à réduire le changement climatique.
Notre stratégie pour le financement international pour le climat
L’archipel situé à l’ouest du continent africain souffre de la sécheresse et est très fragile sur le plan économique. Depuis la fin des années 80, il existe un partenariat de coopération au développement entre le Cap-Vert et le Luxembourg. En 2002, le premier programme indicatif de coopération (PIC) entre les pays a été lancé. Afin de mieux coordonner les mesures de développement entre elles et avec d’autres domaines politiques ainsi que de les rendre plus efficaces, l’actuel cinquième PIC (2021-2025) est placé sous le signe d’une « approche pangouvernementale », à laquelle participent, du côté luxembourgeois, le ministère des Affaires étrangères, le ministère de l’Environnement et le ministère de l’Énergie avec leur expertise respective. Outre l’éradication de la pauvreté et le développement durable, il s’agit, dans le cadre de ce PIC, d’apporter plus de soutien au Cap Vert en matière de climat et de transition énergétique. Rien que pour l’élaboration et la mise en œuvre de diverses mesures visant à protéger le climat sur l’archipel, le ministère de l’environnement a mis à disposition une enveloppe de 10 millions d’euros pour les cinq prochaines années.
Pour plus d’informations, cliquez ici.
COBIGA (Corredor Biológico La Gamba) est un projet de reforestation de l’ONG « Rainforest.lu » qui permet de relier deux parcs nationaux au Costa Rica. Comme dans beaucoup de régions tropicales, l’Amérique centrale a connu une déforestation massive ces dernières décennies en raison de la production de biens d’exportation comme les bananes, la viande et l’huile de palme. Ainsi, des terrains sont achetés au Costa Rica et des travailleurs locaux y plantent de jeunes plants. Les semences de ces plantes endémiques et rares proviennent des forêts tropicales régionales. Malgré le statut de protection, la population locale n’est pas exclue du corridor biologique par ce travail mais apprend des méthodes alternatives de production comme le maraîchage et l’apiculture. En outre, ce projet est lié au CO₂ – un seul arbre peut absorber jusqu’à 700 kg de CO₂ au cours de sa vie – et permet de favoriser la diversité des écosystèmes endémiques.
Quel est son rôle et quel est le rapport entre la place financière du Luxembourg et le climat?
Depuis de nombreuses années, le Luxembourg est un précurseur en matière de finance durable, et la place financière fait partie des premières places à avoir développé et fixé par écrit les concepts de durabilité grâce à une stratégie : la Sustainable Finance Strategy (LSFS). En 2007, les premiers titres verts au monde ont été émis par la Banque européenne d’investissement (BEI) à la Bourse de Luxembourg. En 2016, la Bourse de Luxembourg a instauré le Luxembourg Green Exchange (LGX), première plateforme dédiée aux titres durables. À l’heure actuelle, le LGX répertorie plus de la moitié des obligations vertes du monde. En tant que place financière aussi expérimentée dans le domaine, le Luxembourg peut exercer une grande influence quant au développement d’une finance durable sur le plan mondial. Même si cela ne saute pas directement aux yeux, la finance durable constitue un outil significatif pour promouvoir une économie plus écologique.
De façon simple, on pourrait dire que la finance durable consiste non seulement à prendre en compte les rendements financiers et la sécurité mais aussi à veiller à ce que les décisions d’investissement et de financement des entreprises reposent aussi sur des critères sociaux, environnementaux et de gouvernance.
Quiconque se rend normalement à la banque pour placer son argent veille à la gestion des risques et aux bons rendements financiers potentiels. En ayant recours à la finance durable, les clients peuvent désormais aussi en même temps contribuer à la protection de l’environnement et du climat. L’argent placé par les clients est utilisé par les établissements financiers pour être injecté dans des entreprises vertes. Dans le cas de produits financiers verts, l’argent n’est investi que dans des entreprises et des projets qui contribuent à la protection de l’environnement et du climat et qui encouragent les facteurs sociaux, comme des entreprises spécialisées dans la construction durable ou dans l’éco-mobilité, l‘agriculture durable, des projets de mobilité innovants et des projets pour assurer la protection des espèces.
La durabilité n’a pendant longtemps joué aucun rôle significatif dans le domaine de la finance, même si déjà avant 2015, il existait des initiatives isolées en la matière. Mais depuis 2015, avec l’adoption de l’accord de Paris et de l’Agenda 2030 de l’ONU comportant 17 objectifs de développement durable, il existe un nouveau consensus international qui prend en compte à la fois les rendements financiers et des critères de durabilité aux niveaux économique, social et écologique. Cette constation ainsi que d‘autres indiquant qu’en raison des changements climatiques, des changements dans le domaine de la finance sont aussi d’urgence indispensables, ont conduit à l’exploration de nouvelles pistes aux niveaux national et international. La finance durable représente une opportunité pour rediriger les flux financiers mondiaux depuis des investissements nuisibles aux niveaux social et environnemental vers des projets innovants et durables aux niveaux écologique et social, et rendre ainsi l’économie plus équitable et respecteuse de l’environnement.
Par ailleurs, divers plans et stratégies ont été élaborés non seulement au niveau national, mais également aux niveaux européen et mondial, pour mettre en œuvre les principes et objectifs de l’accord de 2015. En 2018, un premier pas pour l’établissement d‘une finance durable a été franchi grâce au plan d’action de l’UE pour financer une croissance durable.
Ce plan repose sur trois piliers :
• la réorientation des flux de capitaux vers des investissements durables,
• la prise en considération de la durabilité et de la gestion des risques,
• la promotion de la transparence et de la pérennité.
En 2018, la « Luxembourg Sustainable Finance Roadmap » (feuille de route luxembourgeoise sur la finance durable) a été publiée par le gouvernement luxembourgeois en collaboration avec les Nations Unies (le progranne des Nations unies pour l’environnement, le PNUE). Cette feuille de route doit servir de base pour définir une stratégie globale pour la finance durable afin d’atteindre les objectifs de l’accord internationl et présente des recommandations sur les procédés pour y arriver. Parmi ces recommandations, on retrouve la création d’une association qui promeut la finance durable au Luxembourg.
Puis, en 2020, la Luxembourg Sustainable Finance Initiative a été lancée. Il s’agit d’une association qui regroupe des experts en durabilité et en finance durable et qui constitue un centre de coordination pour rassembler les différentes parties prenantes de ces domaines. La coprésidence est assurée par le ministère des Finances et le ministère de l’Environnement, du climat et du développement durable. Outre la coordination, il existe d’autres missions importantes comme faire avancer le Luxembourg dans le domaine de la finance durable, établir le pays comme centre de la finance durable et promouvoir des initiatives durables dans le secteur financier. À cette fin, le LSFI doit développer une stratégie dans laquelle les activités déjà mises en œuvre doivent être en ligne avec les recommandations de la feuille de route.
La stratégie « Luxembourg Sustainable Finance Strategy » (LSFS) a été élaborée et lancée en 2021 par la « Luxembourg Sustainable Finance Initiative » (LSFI), par des représentants du gouvernement, de l’agence pour le développement de la place financière « Luxembourg for Finance » (LFF) et du Conseil supérieur pour le développement durable (CSDD). La première partie de la stratégie porte sur une plus forte intégration de la durabilité dans la culture financière du pays, sur l‘encouragement des institutions, investisseurs, organismes et prestataires publics à continuer dans cette voie et sur le développment du rôle du Luxembourg en tant que centre international de la finance durable. La deuxième partie est un plan d’action pour la LSFI. Cette association doit coordonner la mise en place de la stratégie et servir d’interlocuteur central pour tous les acteurs et initiatives.
Le plan d’action de la LSFI repose sur trois piliers :
1. Promotion et sensibilisation : c’est-à-dire la promotion des initiatives et l‘intégration de la durabilité au secteur financier luxembourgeois.
2. Libération du potentiel : grâce à la création d’une plateforme d’échanges des connaissances et des expériences.
3. Mesure des progrès : collecte et analyse des données sur le secteur financier pour mesurer les progrès réalisés en matière d’intégration de la durabilité.
Dans le cadre de cette stratégie, les objectifs de ces piliers sont fixés. Par le biais de ces objectifs, le travail de la LSFI et le développement de la finance durable sont examinés régulièrement et peuvent, le cas échéant, être améliorés.
Lors de l’élaboration de la stratégie, il faut veiller à ce que les recommandations et objectifs soient conformes aux plans et accords qui existent déjà en matière de durabilité, notamment l‘accord de coalition 2018-2023 et le plan pour le dévelppement durable ainsi que le plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC). En outre, la stratégie doit contribuer à atteindre les objectifs internationaux de l’Agenda 2030 et de l’accord de Paris.
La CCNUCC désigne la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. La Convention est entrée en vigueur le 21 mars 1994. Aujourd’hui, l’adhésion à la Convention, qui constitue le traité de base de l’accord de Paris de 2015, est quasi universelle (198 « Parties »). Son objectif primordial est de limiter autant que possible l’augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels. La CCNUCC est également le traité fondateur du protocole de Kyoto de 1997.
L’objectif ultime des trois accords conclus dans le cadre de la CCNUCC est de « stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse (induite par l’homme) du système climatique (…),dans un délai suffisant pour permettre aux écosystèmes de s’adapter naturellement au changement climatique et pour permettre au développement économique de se poursuivre de manière durable ».
Les 198 pays qui ont ratifié la Convention sont appelés Parties.
Plus d’informations sur la CCNUCC, ici sur le site internet.
COP désigne la Conférence des Parties ; il s’agit de la conférence annuelle des Nations unies sur le changement climatique, qui se tient chaque année dans une ville hôte différente. Depuis la première COP qui s’est tenue à Berlin en 1995, les COPs ont permis de faire le point sur les avancées des Parties (les pays signataires) et d’évaluer les progrès accomplis. C’est également là que sont menées les négociations relatives aux mesures nécessaires pour poursuivre la réduction des émissions. Elles constituent un outil essentiel pour évaluer les progrès réalisés jusqu’à présent et définir les résultats à viser pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris.
La COP compte trois grands volets : les négociations, les expositions et les événements parallèles. Le pays hôte désigne un président de la COP, chargé de superviser les négociations. Les négociations constituent la partie essentielle de l’événement : la première semaine est généralement consacrée à des négociations techniques menées par des représentants du gouvernement, tandis que la deuxième semaine est davantage axée sur des réunions ministérielles de haut niveau et des réunions de chefs d’État.
La prochaine COP (COP29) se tiendra du 11 au 22 novembre 2024 à Bakou, en Azerbaïdjan. Les négociateurs climatiques luxembourgeois participeront à la COP et plaideront en faveur d’une démarche ambitieuse pour l’atténuation et l’adaptation au climat, ainsi que pour le financement climatique des nations les plus vulnérables.